Résultats de recherche
14 éléments trouvés pour « »
- Au programme du samedi 14 septembre : l'amitié indéfectible entre un homme et son chien, un fils qui reçoit des sms de sa mère décédée, et une épouse qui ne sait quoi faire du cadavre de son mari !
Son odeur après la pluie - Cédric Sapin-Defour Editions Stock Chronique de Céline : Soyons honnêtes, au départ, j'étais franchement dubitative à l'idée de lire ce roman, centré sur les 13 années de vie commune de l’auteur avec son chien. N’étant pas particulièrement fan des animaux, je craignais au mieux de passer à côté de l’histoire, au pire d’être agacée par un récit à l’eau de rose. Mais curieusement, dès les premières pages, j’ai senti que ce livre avait quelque chose qui pouvait me séduire. Et je ne me suis pas trompée. J’ai rapidement été captée par le ton et l’écriture de l’auteur. Une plume délicate, presque précieuse, qui a le mérite d’apporter de l’élégance et de la hauteur à un sujet qui, traité différemment aurait pu paraitre mièvre. Décalage accentué par le ton empreint d’autodérision de l’auteur. Il semble pleinement conscient de l’aspect un peu dérisoire que certains lecteurs pourraient trouver à son attachement quasi démesuré pour son chien. Mais il ne souhaite pas nous convertir. Il s’agit juste pour lui de raconter ce lien sincère et émouvant avec une lucidité et un regard tendre, parfois amusé. Et au fil des pages, ce qui me semblait n’être qu’un livre sur un chien et devenu bien plus : une réflexion sur la fidélité, l’amour inconditionnel, et cette capacité qu’ont les animaux à nous ramener à l’essentiel, à ce qu’il y a de plus humain en nous. Et à ma grande surprise, j’ai été émue, voire carrément attendrie par cette relation, qui ne m’est finalement pas apparue moins « estimable » qu’une autre. Alors oui, je partais avec un a priori, mais je dois avouer que ce roman a réussi à me rappeler que nos attachements les plus simples sont souvent ceux qui nous bouleversent le plus et qu’il serait dommage de s’en priver. Je ne suis certes pas devenue une amoureuse des animaux, mais j’ai beaucoup aimé ce récit qui, au fond, parle autant de l’auteur que de son fidèle compagnon. Bref, un beau roman à lire, même (et surtout) si vous n’aimez pas les chiens ! Retrouvez nos 3 nouvelles chroniques sur notre Quai des livres :
- Samedi 07 septembre : 3 nouvelles chroniques décapantes où il est question de western, d'enquêtes rock n' roll, et de célébration de l'enfance.
Western Editions Stock Chronique de Delphine : Avec son Roman « Western », suivant le plébiscité « Feu » qui abritait déjà son élan féministe, nous offre un grand roman du monde d’après. Le monde d’après COVID, d’après confinements, d’après #metoo et surtout d’après des siècles du patriarcats que les hommes ont si souvent trouvés confortable de ne pas remettre en question. Mais ça c’était avant! Quid du « Western » me direz vous? La brûlure, le Duel, le désert, les codes, tous finement repensés à l’aune du récit. La brûlure est parisienne, le duel Mixte, le désert Lotois et les codes décortiqués à leur essence. Un exercice de style à la fois judicieux et drôle qui n’alourdis jamais le romanesque. Pour l’histoire, Il y a un homme, une femme, il est englué dans sa lourdeur et son ego, elle nage dans un monde où on ne lui laisse pas sa place lestée par trop d’injonctions et d’ambitions qui ne sont pas les siens. Ils vont tenter de fuir la fatalité et le drame qui arrive. Mais est-il encore temps? Gardez un peu place dans votre valise, vous ne le regretterai pas. Retrouvez nos 3 nouvelles chroniques sur notre Quai des livres :
- Samedi 24 août, c'est la rentrée dans notre Quartier ! Et comme cadeau de reprise, non pas 2, non pas 3... mais 6 nouvelles chroniques !
https://www.quartierlivres.com/quai-des-livres La foudre - Pierric Bailly P.O.L. Chronique de Marie C'est l'histoire de Julien, ou plutôt John, berger dans le Jura durant l'été, et vivant de petits boulots le reste de l'année. Julien est en couple avec Héloïse, ils n'ont pas d'enfants, et ont pour projet de partir vivre à la Réunion. Sa vie dans les montagnes du Jura, à la fois libre et simple, va basculer quand il tombe sur un article de presse qui relate le meurtre d'un jeune homme tué à coup de planche...sauf que Julien connaît le nom du meurtrier présumé, Alexandre, avec qui il partageait le même dortoir au pensionnat de son lycée. On se laisse vite embarquer dans cette histoire, Pierric Bailly parvient à éveiller la curiosité du lecteur, avec des va et vient entre le présent et le passé de Julien, le lien qui l'unit à Alexandre, et le personnage de Nadia, la femme d'Alexandre qui est au cœur de ce roman, et qui questionne et interpelle par son positionnement et sa personnalité. Le style de l'auteur est tout en simplicité et authenticité, un style direct, parfois familier, comme si le narrateur voulait nous faire entendre la petite voix de Julien, ses pensées, ses doutes, sans fioritures. La description du Jura, des estives, de la montagne rend ce roman vivant, et par moments on a envie de rejoindre Julien avec son troupeau de bêtes. Un très bon départ, mais suivi d'une petite déception dans le dernier tiers du roman... Comme si cette tension palpable tout au long des deux premiers tiers du livre, au lieu de se résoudre par un dénouement surprenant, tombait au contraire comme un soufflé, et se perdait dans une histoire finalement trop convenue, banale, et un peu décevante. Dommage, mais j'ai toutefois apprécié cette lecture, cette histoire captivante malgré tout, qui me donne envie de lire d'autres romans de cet auteur. Retrouvez nos 5 nouvelles chroniques sur notre Quai des livres :
- And the winners are... Les 50 romans distingués du Prix du Livre Inter depuis 1975 ont été lus et débattus, voici les 8 finalistes. A la fin, il n'en restera qu'un !
Retrouvez les 50 livres Inter et le détail du 1er tour de qualification sur notre page
- Mercredi 10 juillet : 3 nouvelles chroniques - Birnam Wood d'Eléanor Catton, Python de Nathalie Azoulaï et Le convoi de Beata Umubyeyi Mairesse
https://www.quartierlivres.com/quai-des-livres Birnam Wood - Eleanor Catton Editions Buchet Chastel Chronique de Pierre Des drones au pays des kiwis Ce qui m'intéresse peut-être le plus dans la critique littéraire, c'est l'auteur de la critique lui-même. « Donne-moi à lire ta chronique et je te dirai qui tu es ». Si tel est votre cas les amis, sachez pour commencer qu’en ce deuxième jour de (grandes) vacances scolaires et de second tour d’élections législatives, je suis assez impressionné à l’idée de devoir me frotter à l’exercice. Birnam Wood est le 3ème roman de l’autrice canadienne Eleanor Catton. Les luminaires, son deuxième, lui valut le Booker Price en 2013. J'ai consulté la liste des lauréats de ce prix récompensant les romans rédigés en anglais depuis 1969 et découvert qu'un auteur avait été primé deux fois : John Maxwell Coetzee avec Michael K, sa vie, son temps (1983) et, l'un de mes romans préférés, Disgrâce (1999). Je proclamai alors sur le champ ce prix "Référence interplanétaire quoiqu'un peu en-dessous du Prix du Livre inter" et décidai hic et nunc que Birnam Wood, conseillé par ma libraire de coeur, ferait l'objet de ma première chronique. Une petite alerte s’est pourtant déclenchée lorsque j’ai saisi pour la première fois le livre et découvert sa couverture au goût douteux, mais je décidai de n’y accorder aucune importance. L’intrigue se passe en Nouvelle-Zélande à Thorndike dans le Parc National de Koroway où l’on suit trois jeunes protagonistes d’une petite association écologiste « Birnam wood » qui implante des jardins bio dans des lieux en friche pour en distribuer la production. Notre bande de joyeux idéalistes va croiser le chemin du jeune et inquiétant milliardaire Robert Lemoine, co-fondateur d’un géant américain de la tech, fabricant de drones. Il s’ensuivra une affaire de gros sous et de dissimulation dont tout le monde ne sortira pas indemne… Un thriller psychologique donc. Arrêtons là le faux suspense, si vous cherchez un livre qui alimentera votre carnet de notes, passez votre chemin ; un livre au style flamboyant, allez voir ailleurs. Si Eleanor Catton peine à trouver son style et à planter le décor, elle est plus à l’aise pour dresser le portrait psy de ses deux personnages féminins, Mira Bunting et Shelley Noakes. On peut toutefois regretter que tout soit dit plutôt que suggéré, et qu’au bout du compte, on n’en sache pas beaucoup plus sur ces jeunes appartenant à la « Gen Z ». Pire, volontairement ou pas, l’autrice décrédibilise une génération qui serait prête à s’asseoir sur ses idéaux pour un pad thaï et un zeste de LSD ! Pour finir et n’oublier personne, je pense aux honorables lecteurs de transat, amateurs de romans-détente, qui trouveront avec Birnam Wood un thriller agréable et académique dont la fin risque malheureusement de les laisser sur leur faim. J’espère qu’à l’occasion de sa deuxième chronique, votre serviteur vous apparaîtra sous un jour beaucoup plus enthousiaste. En attendant je vous souhaite, amis lecteurs, des vacances riches de merveilleuses découvertes littéraires !
- Samedi 29 juin : 2 nouvelles chroniques - Kaddour de Rachida Brakni et La petite marchande de prose de Daniel Pennac
KADDOUR - Rachida BRAKNI Editions Stock Chronique de Sandra S. D’une fille à son père. Comme Colette quand elle écrit « Sido ». Qui peut lire Sido sans être à jamais imprégné de l’amour de Colette pour sa mère adorée ?Ici, donc, c’est pour un père. Ce n’est pas pour qu’il le sache, d’abord parce que maintenant qu’il dort sous la terre de Tipaza, un figuier à ses pieds, que pourrait-il y lire qu’il ne savait déjà, lui qui ne savait pas lire en plus. C’est aux yeux du monde, raconter cet homme, cet époux et ce père, toute la grandeur et les misères et la richesse et la magnificence de la vie de cet homme, travailleur immigré en France, de ce genre de travail qui vous arrache des doigts et vous brise les os et sans doute bien plus que ça. Aux yeux du monde, aux yeux de ce pays qui s’apprête à élire bientôt l’extrême droite, ce pays qui accepte, voire encourage le mépris envers les gens comme Kaddour Brakni. Dont une des filles a appartenu à la comédie française, jouait Victor Hugo, et est une des plus grandes actrices françaises. Un homme tranquille, tourmenté, secret, aimant qui à la naissance d’un de ses petits-fils pleure de joie et dit à sa fille pour l’arrivée de la petite sœur quelques années plus tard : « une fille, c’est toujours bien une fille, j’espère qu’elle sera comme toi ». Ce père, Rachida Brakni lui a écrit le plus beau des linceuls, le plus solide et le plus doux des linceuls, pour que la terre lui soit légère et pour que les mots d’une fille française qui a tant servi la langue de ce pays, rendent justice et célèbrent ses parents algériens.
- La critique est divisée chez Quartier Livres. Découvrez notre 1ère BATTLE
HUMUS - Gaspard KOENIG Editions L'Observatoire Regards croisés entre Cécile et Mathieu Mathieu a aimé... Humus a été beaucoup lu par les membres de Quartier Livres et diversement apprécié, nous avons donc choisi de lui accorder un traitement spécial. J’ai pour ma part beaucoup apprécié ce roman. L’auteur est essayiste et philosophe, cela infuse clairement Humus, ce qui s’avère pour moi un vrai plus. Au-delà de l’histoire vous trouverez un point de vu pertinent sur la contre-culture, le capitalisme et l’agriculture. L’auteur très érudit ne semble pas pour autant prendre le lecteur de haut, il sème des graines qui pourraient si vous le souhaitez, vous emmener dans des lectures foisonnantes sur les thèmes abordés mais ne laisse pas de côté le lecteur qui souhaitera une lecture plus légère avec ses deux sympathiques bien qu’un peu naïfs personnages principaux. Les quelques 400 pages se lisent vite malgré la tenue du roman, ce pourrait faire un très bon roman de vacances à lire sur la plage, le sable évitera la crise d’angoisse si vous n’êtes pas très sensible au charme discret des vers de terre. Ne vous laissez d’ailleurs pas décourager par cette thématique qui peut laisser beaucoup d’entre nous indifférents, on peut apprécier le roman sans se passionner pour le vermicompostage cher aux personnages. Pour être tout à fait transparent, j’ai quelques réserves sur l’humour du roman et le manque d’épaisseur des personnages féminins (pas très 2024…), mais ça n’a pas du tout gâché mon plaisir. Je recommanderais ce roman, ne serait-ce que pour le plaisir de toutes les conversations qu’il fera naitre avec vos amis lecteurs! Cécile un peu moins... Le destin des deux amis devient alors le plaidoyer de l’auteur contre un système de production intensif destructeur de l’environnement, contre le mépris de classe, contre les grandes écoles et leur novlangue déconnectée, contre l’entre soi, contre la finance et le cynisme des investisseurs, contre des gouvernants égocentrés, bref contre tout ce qui ne va pas dans le monde. Un plaidoyer grossièrement argumenté qui m’a vite agacé tellement il est pollué par la succession de clichés sur les pauvres qui veulent devenir riches mais sans en avoir l’air, les riches qui veulent devenir pauvres et estiment qu’ils ont bien droit au RSA s’ils vont sauver la planète, les chefs d’entreprise convertis au green washing … et j’en passe. J’ai trouvé les personnages stéréotypés – Kevin tellement détaché des biens de ce monde que même millionnaire il ne possède qu’un sac de couchage - froids, sans âmes, embarqués dans des situations caricaturales et peu crédibles – qu’il s’agisse du séjour dans la Silicon Valley ou de l’épisode final de l’insurrection simplement grotesque. Les personnages ne deviennent que des pantins influençables. On ne saura presque rien des hauts et des bas de leur amitié, sauf à la toute fin du roman. Même si les notes d’humour et le second degré sont bienvenus - vous croiserez Thomas Pesquet qui en prend pour son grade et l’auteur lui-même dans le rôle d’un essayiste mondain - elles ne sauvent pas le roman. Le récit hésite trop souvent entre la fable utopique et le réalisme et ne parvient pas à me convaincre.
- Mercredi, 2 nouvelles chroniques ! L'écharde de Paul Wenz et La gosse de Nadia Daam
La Gosse - Nadia Daam Editions Grasset Chronique de Mélanie Lesoif O n a tous ces moments-là. Bof, pas très envie de bouquiner. Quand on vient d’enchaîner trois ou quatre déceptions littéraires à vingt balles l’unité, quand on traîne la patte pour finir le dernier Martin-Lugand qu’on attendait pourtant avec appétit. Désabusés. Même pas envie de parcourir les étagères pour dénicher un classique qu’on a aimé. Puis un matin, au café, la collègue dit : il faut abso-lu-ment que je te prête le dernier Nadia Daam. Qui ? Mouais si tu veux. Le ciel est bas, gris. Même mai ne tient pas ses promesses. Bof. Mais ok. La collègue tient parole et ramène le livre dans sa besace l’après-midi-même. « Tu verras, je l’ai lu en deux soirs. Ça se dévore comme un bonbon », qu’elle glousse. Un rapide regard sur la couverture me fait soupirer. Vraiment bof. Le soir quand même, je l’ai ouvert, pas curiosité. Sans grand intérêt. Et puis je ne l’ai pas refermé. Nadia Daam, je ne la connaissais pas. Elle m’a pourtant parlé comme si on avait grandi ensemble. Comme si on était devenues mères en même temps, et qu’on avait échangé sur nos culpabilités, nos doutes, nos incompétences et nos fiertés de mamans depuis quinze ans. Comme si son ado de fille était la mienne. Son amour fou pour cet enfant, qui jadis avait poussé « un soupir adorable à en crever » et qui désormais se pavane devant le miroir sans complexe avec ses copines, est ce qui détermine le reste. Essentiel. Ça sonne juste, ça tonne fort, ça résonne longtemps après la lecture. C’est une mère universelle, Nadia Daam. Une écrivaine de talent, qui touche en plein cœur et qui fait rire dans la même page. Son analyse affûtée de la féminité adolescente en 2024, la description de sa propre jeunesse sans voile et sans indulgence, sa perception de l’évolution des mœurs avec un regard vif, positif, enthousiaste mais jamais mielleux, et inquiet tout à la fois, est d’une finesse rare. La manière dont apparaît, entre les lignes, la conscience aiguë de ses propres contradictions est un délice. Ces livres-là, ceux qu’on ne referme pas, qui nous suivent longtemps grâce aux réflexions qu’ils distillent, sont ceux qui nous relancent la machine en deux coups de cuillères à pot. Depuis j’ai retrouvé ma boulimie. Il ne fait toujours pas beau, mais je relis. Mélanie LESOIF
- Samedi, c'est sorties ! Retrouvez nos 3 nouvelles chroniques sur notre quai des livres.
DU MEME BOIS - Marion FAYOLLE Editions Gallimard Chronique de Cécile M. Marion Fayolle dessine. Marion Fayolle écrit. Un premier roman. De la même manière que ceux qui l’ont quittée font « rentrer la ferme dans des glacières, en petits morceaux », Marion Fayolle la fait rentrer dans un roman de quinze courts chapitres. La ferme, ceux qui l’ont quittée la gardent dans leurs souvenirs. Voilà que Marion Fayolle la garde dans un livre. Elle fait remonter à la surface « ceux d’avant [qui] dorment encore dans les sillons de sa peau ». Elle habille les souvenirs « pour que ça soit écrit quelque part, [leur] existence ». Il y a la mémoire du pépé qui s’efface comme un paysage sous la neige, la folie de l’un, le dévouement de l’autre, la vie des bêtes avant celle des hommes, vêlage et enfantement se superposent. C’est l’histoire d’une transmission qui ne se fera pas. Personne ne reprendra la ferme familiale. Mais l’héritage se tient ailleurs, dans un paysage ardéchois qui marque et un patrimoine génétique. La gamine que l’on suit à travers différents âges de la vie s’en empare avec la volonté de décaper les souvenirs comme la mémé, le caveau de famille. Ainsi, l’histoire continue avec les mots sensibles lucides et poétiques de la jeune autrice. On retrouve dans son texte la finesse l’humour et la poésie de ses dessins. Vous pourrez visiter l’univers de Marion Fayolle au Centre Pompidou, dans une exposition-atelier « Tenir tête » qui se tiendra dans la Galerie des enfants, niveau 1, du 29 mai 2024 au 6 janvier 2025.
- La chronique littéraire de juin par Mathieu
La génération Y est la dernière à avoir été bercée par les reliques esthétiques des 70’s, héritage des darons. Le rap, l’électro, TikTok, vont bientôt finir de balayer les Chevrolets Corvettes trop polluantes, les guitares trop ringardes, les pellicules surexposées aux couleurs trop fades. Ces dernières quittent peu à peu l’imaginaire des artistes en panne d’inspiration pour laisser place à de nouvelles imageries. En attendant, j’ai beau craindre la tonne de clichés que charrient souvent les romans sur la culture rock et la musique en général, je ne peux pas m’empêcher d’espérer y trouver une saveur de madeleine et ici pas de faute de goût! Dans « Tempo » (Roman de Martin Dumont/ Editions Les Avrils) le personnage principal est un survivant de cette période tant fantasmée. Félix joue de la guitare dans un bar pour un auditoire distrait et rumine les espoirs déçus et sa vie de couple mise à mal par la précarité. Le décor posé, l’auteur nous emmène voir l’adolescence de Félix, sa découverte de la musique et son quotidien entre espoirs et désillusions avec une fine approche de la temporalité et une grande sensibilité. Le style est sincère, sans fioriture, pas de révolution mais d’une grande honnêteté. Au delà de cet aspect, on s’attache aux personnages qui prennent très vite corps et nous questionnent sur ce qu’implique la loyauté envers sa famille, ses amis, ses rêves et son art. Si pure à l’adolescence et qui percute le réel avec cruauté. On se demande avec Félix le pourquoi de la création, ce qu’implique de se livrer pour soi au départ et quand l’ambition et la nécessité d’être entendu fini par s’immiscer dans tout ça. Servez vous un verre, ressortez un vinyle des Stones ou de Tracy Chapman et profitez de ce roman initiatique qui tient ses promesses et vous fera sans aucun doute passer un beau moment. Si vous avez une jour tenu un instrument dans vos mains ou fantasmé en écoutant un riff de guitare ce bouquin vous fera vibrer. Pour les autres, essayez quand même vous risquez d’aimer ça. RENDEZ-VOUS SUR NOTRE QUAI DES LIVRES POUR RETROUVER L'ENSEMBLE DE CETTE CHRONIQUE ET D'AUTRES CHRONIQUES
- Mathieu Belezi remporte le Prix du Livre Inter 2023
L’écrivain Mathieu Belezi a reçu, lundi 5 juin, le prix du 49ème Livre Inter pour Attaquer la terre et le soleil, publié aux éditions Le Tripode. Le nom du lauréat a été dévoilé par David Foenkinos, président du jury, lundi 5 juin dans le journal de 8 h de France Inter. La sélection était très belle, très relevée, avec des textes différents et qui prêtaient aux échanges, mais le livre de Mathieu a été unanime sur la beauté de l’écriture, la poésie, qui nous a vraiment transporté », a déclaré au micro de France Inter David Foenkinos.
- 50ème Prix du Livre Inter, et le gagnant est Aliène de Phoebe Hadjimarkos Clarke !
LE 50ème PRIX DU LIVRE INTER Anne Lopez Parent « Le prix du livre inter est créé en 1975 sur une idée de Paul-Louis Mignon qui souhaitait que le public de cette station nationale décerne chaque année un prix des lecteurs pour les vacances à venir ». Quelle belle idée n’est-ce pas ? Imaginons le livre, l’objet, l ‘élu, déposé au centre d’une valise sans roulette, au milieu de maillots de bain deux pièces aux couleurs vives; et la valise en presque carton cherchant sa place dans le coffre de la Peugeot 504 dégueulant déjà d’accueillir la tente familiale Trigano, et autres gonfleurs, matelas pneumatiques et bouées canard. En 2023, nous avons décidé que ce serait « Attaquer la terre et le soleil » de Mathieu Belezi qui serait l’objet fétiche de tous les vacanciers, promis à des virées en Flixbus, blablacar ou vols longs courriers pour des vacances au bout du monde. Dans une ITW de 1983 au micro de Jacques Chancel pour son émission parenthèse, Paul-Louis Mignon explique qu’il ne s’agit pas seulement d’un prix mais d’une action en faveur de la lecture dans une double complicité : Celle de la radio et du livre. La radio favorisant la lecture. Celle de la radio avec ses auditeurs/trices par le dialogue quotidien qui les réunit, et dans une volonté de créer une relation directe entre les auditeurs et les écrivains. Quelle belle idée aussi que celle-là. Puisque le prix du livre inter se déroule en « présentiel » pour reprendre une expression qui paraît déjà appartenir à la préhistoire, nous, le clan des 24, jurons avoir rencontré notre Président de jury, le VRAI David Foenkinos, déjeuné et diné avec lui, et même partagé le même ascenseur afin d’accéder jusqu’au sommet de la maison de France Inter où se deroulent les délibérations. Nous avons également accueilli notre lauréat ému jusqu’au larmes, nous etions alors parcourus de frissons, tappant dans nos mains, heureux, tellement heureux. Nous avons échangé avec lui lors de notre déjeuner le Lundi. Sans oublier Antoine Wauters (lauréat 2022) qui s’est fait le plaisir d’assister à nos délibérations. Pas d’ascenseur de service, de premier ou deuxième service, Egalité, Fraternité. Si ce n’est pas de la r elation directe entre auditeurs, écrivains, et gens de la radio... Sans oublier la rencontre avec la VRAIE Eva Betan, la grande patronne de ce livre inter qui orchestre, encadre, veille, bienveille (du verbe bienveiller), et fait en sorte que tout cela coule comme une source tumultueusement tranquille. Pour rappel, « le livre Inter c’est un jury de 24 personnes, à parité homme-femme et globalement réparti équitablement parmi les régions françaises, constitué chaque année par recrutement d'auditeurs ayant fait acte de candidature. La sélection des livres en compétition est effectuée auprès de critiques littéraires de la presse écrite ou de la radio par la présélection d'une quarantaine de livres dont dix seulement seront en compétition dans la liste officielle. Le jury de 24 lectrices et lecteurs est présidé par un(e) écrivain(e). Les membres du jury ont huit semaines pour lire les dix livres présélectionnés avant de se retrouver à Paris, avec le président, pour débattre et voter pour choisir le livre lauréat ». Nous voilà donc arrivés à l’objet de cette chronique (ou comment garder le meilleur pour la fin): LE 50ème Prix du Livre Inter, Présidé par l’immense, la lumineuse Isabelle Huppert, Pour cet anniversaire incroyable. Les 24 jurés de ce cru exceptionnel ont rencontré la VRAIE Isabelle Huppert, Diné puis déjeuné avec elle, Partagé le même ascenseur, Débattu puis décerné dans la joie (nous leur souhaitons de tout cœur) et la douleur (choisir c’est renoncer) leur roman de cœur. Enfin, ils ont accueilli et applaudi à s’en faire mal aux mains leur lauréat : Aliène, de Phoebe Hadjimarkos Clarke aux éditions Du Sous Sol.