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Ce que l’IA fait à la littérature est le sujet principal de ­Python

Python

Nathalie Azoulai

Genre

Roman

Résumé

Python est le récit fascinant d’une séduction contrariée pour le « nouveau monde » informatique, son langage, la puissance et la jeunesse qui lui sont associées. L’enquête se fait progressivement plus intime et trouble, jusqu’à révéler une autre séduction.

Citation

« Je suis une femme, j’ai plus de cinquante ans, je suis écrivain et je veux apprendre à coder. Mes proches se moquent de moi, me rappellent que je panique au moindre bug. C’est vrai"

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Nathalie Azoulai

Nathalie Azoulai est née le 9 septembre 1966 en région parisienne.
En 1984, elle intègre l’Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud, option Lettres modernes. Après avoir enseigné plusieurs années, elle s’oriente vers le monde de l’édition où elle évoluera pendant dix ans à différents postes et dans différentes maisons.lauréate du prix Médicis en 2015 pour son roman Titus n'aimait pas Bérénice.
Elle publie son premier roman en 2002, Mère agitée, une fable inspirée de sa propre expérience de mère bouleversée par la naissance et l’enfance de ses enfants.
En 2015, elle obtient le prix Médicis pour son roman T"itus n'aimait pas Bérénice".

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L'oeil de votre chroniqueur.euse

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Connaissez-vous le langage binaire ?
n0n : lisez Python !
ou1 : lisez Python !

Votre réticence dépassée (celle qui vous rebute depuis le titre et la quatrième de couverture : lire un livre dont le sujet porte sur le codage informatique et les personnages à capuche qui le bâtissent), vous serez porté.e par la construction intelligente de ce texte qui chemine aux frontières de plusieurs genres : enquête policière, démarche autofictionnelle, essai historico-scientifique…

Comme dans ses précédents textes, Nathalie Azoulai questionne les figures adolescentes qui se laissent envahir par le monde numérique et s’y perdent. Fascinée par un môme à l’âge indécidable, la narratrice est emportée dans une investigation des méandres du langage informatique ou numérique (on ne sait plus vraiment). Elle commence par s’inscrire à des sessions d’apprentissage du code à « l’Ecole 42 » (elle n’existerait pas, on trouverait l’invention superbe) et se rapproche de quelques jeunes qui acceptent nonchalamment et sans aucun sourire de l’épauler. Les personnages entourent la narratrice, lui apportent des informations primordiales pour saisir le sens de ce qu’ils font derrière leur écran d’ordinateur. C’est difficile, c’est âpre, la narratrice souffre, elle nous le dit, elle échoue, elle recommence. Elle s’obstine à vouloir comprendre.

Bien entendu, son obsession pour ce langage d’initiés en cache une autre que le lecteur découvrira dans le dernier tiers du livre. Elle prend la forme d’un nouveau personnage, oublié dans les méandres de la mémoire de la narratrice : Simon. La rencontre entre le souvenir de ce jeune homme et les post-adolescents qui cachent leur corps dans des hoodies dit quelque chose de notre rapport au temps, au passé, à la mémoire, au corps, au désir, à la sexualité. Nathalie Azoulai s’attache à questionner ce qui nous pousse vers l’autre, ce qui fait le désir de l’autre en nous. « Python » c’est un langage informatique ; c’est aussi, bien sûr, le serpent originel et maléfique, la figure lascive des plaisirs …

Documenté et écrit dans une langue moderne et précise, ce roman tient aussi du patchwork puisque le lecteur y croisera quelques exemples du code informatique, quelques captures d’écran. Il apprendra beaucoup mais se laissera aussi porter par les chemins sinueux empruntés par la narratrice : il se demandera rapidement où elle le mène. Sans doute faut-il se laisser porter sur les flots calmes de l’océan qui protègent d’autres océans de fibres et de câbles. Cette métaphore, maintes fois rappelée par l’autrice, pour dire le monde numérique est éclairante : les codeurs sont les soutiers d’un paquebot sur le pont duquel trottent les femmes et les hommes non-initiés qui n’imaginent pas qu’en bas, dans le noir de la soute, codent et codent et codent encore les jeunes à capuches. Nathalie Azoulai veut nous faire entrer dans la soute et soulever les capuches.

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