C’est haletant. C’est passionnant. Et, surtout, c’est compréhensible. Pas besoin d’être un expert en IA. Seule condition requise : aimer les bons romans.
La tragédie de l’Orque – La Trilogie Baryonique - Tome 1
Pierre Raufast
Genre
Science-Fiction
Résumé
2173. L’humanité se remet progressivement de la grande migration climatique qui a décimé sa population. Le progrès scientifique est au point mort. Seule perspective possible : mettre la main sur les gisements d’antimatière qui doivent se cacher quelque part dans l’espace. A cette fin, des mineurs d’espace-temps génèrent des trous de ver pour explorer les strates de l’Univers. Sara et Slow sont ainsi embarquées dans le module Orca-7131. Mais une avarie improbable transforme cette mission de routine en catastrophe. Une expédition de la dernière chance s’organise alors – une tentative de sauvetage qui va peut-être marquer le retour de la denrée devenue la plus rare : l’espoir.
Citation
« Il faut s'éloigner de la Terre, berceau de l'humanité, pour retrouver un semblant d’humanité ; pour penser par nous-mêmes, nous affranchir de tous ces Experts artificiels et tous leurs algorithmes qui nous disent à longueur de journée quoi faire, quoi dire, et quoi penser. C'est pour ça que j'aime les voyages dans l'espace et le métier de mineuse. J'y trouve une forme de solitude apaisante »
Pierre Raufast
Pierre Raufast est né à Marseille en 1973 et habite désormais à Clermont-Ferrand. Il est l’auteur de 9 romans. Le premier publié en 2014, La Fractale des raviolis (Alma / Folio), le dernier La Trilogie Baryonique (Aux Forges de Vulcain / Pocket) en 2024.
https://raufast.wordpress.com/
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L'oeil de votre chroniqueur.euse
Il y a des auteurs que vous êtes prêt à suivre presque les yeux fermés, même lorsqu’ils font un pas de côté pour changer radicalement de genre littéraire. Pierre Raufast fait partie de ces écrivains-là.
Habitué à ses fantaisies dans des romans gigognes jubilatoires ayant souvent pour cadre la campagnarde vallée de Chantebrie, j’ai été surpris d’être transporté d’un coup à des millions d’années-lumière de la Terre à bord de vaisseaux spatiaux appelés les ORCA dans un roman dit « Hard-SF », terme que je connaissais d’autant moins que la Science-Fiction n’est franchement pas ma tasse de thé.
Mais après tout la définition de la gravitation est l’attraction de 2 corps opposés, alors banco, je me suis pris au jeu faisant confiance à mon admiration pour Pierre Raufast.
D’abord dérouté par des termes et des explications scientifiques, j’ai essayé de trouver dans ce 1er tome d’une trilogie nommée Baryonique, du second degré, peut-être même une satire des développements technologiques illimités et de l’exploration de nouvelles formes de vie.
Certains passages comme l’évènement déclencheur de la tragédie éponyme, le foisonnement de néologismes inhérents au changement de siècle ou encore les allusions de l’auteur à ses romans précédents, m’invitaient à croire à des péripéties fantaisistes et drôles.
En réalité, et selon les dires mêmes de l’auteur, il s’agit là d’un roman tout à fait sérieux dans lequel je suis rentré petit à petit en saisissant l’ensemble des enjeux écologiques, technologiques, politiques liés à la conquête spatiale ; et en m’attachant aux personnages bien campés et qui représentent, souvent sous forme de binômes, chacun de ces enjeux.
La force de ce roman est de se situer à la juste limite du pur SF et de ne pas nous laisser errer dans des méandres scientifiques imbuvables. La construction du roman qui alterne les chapitres entre la Terre, les ORCAs, et un autre potentiel espace-temps qu’il convient de ne pas divulguer pour l’instant, titille l’intérêt du lecteur. Le déroulement d’une intrigue sur la Terre permet d’ailleurs de se raccrocher au réel.
L’introduction de différents points de vue donne aussi de la profondeur à ce roman, à l’image des Bernanos, groupe qui dénonce les dérives des progrès de la robotique, opposés à ceux qui voient dans la recherche scientifique et le minage de l’espace le moyen de résoudre les problèmes écologiques et de survie de notre espèce.
Enfin, la qualité du roman est de rendre cet univers de 2170 non seulement plausible mais surtout optimiste. Au point de me donner finalement l’envie de lire d’autres romans du genre, chose qui n’était pas gagnée, et l’envie de poursuivre cette trilogie.