
Les vers de terre font vivre la terre. "Humus", roman percutant et pessimiste sur l’écologie

Humus
Gaspard Koenig
Genre
Roman
Résumé
Humus commence par une histoire d’amitié. Kevin est fils d’ouvrier du Limousin, Arthur, fils d’avocat parisien. Ils vont tenter de sauver la planète avec des vers de terre, en empruntant chacun une voie différente, prétexte pour l’auteur à nous montrer à quel point le monde va mal et que toute tentative pour le sauver semble vouée à l’échec.
Kevin invente le vermicomposteur domestique, brevet qu’une amie d’HEC va le convaincre de transformer en composteur industriel. S’en suit une ascension fulgurante dans le monde des affaires, suivie d’une chute d’autant plus violente pour le pauvre Kevin qui n’a pas anticipé la prédation du ver par le rat. Arthur choisit d’utiliser le ver pour revitaliser les champs que son grand père a épuisés avec des pesticides. Mais le ver n’est pas aussi facile à faire revenir dans la terre, et le projet traine, entrainant Arthur vers la radicalisation écologique.
Citation
"L’humanité s’était ruée pour comprendre l’infiniment grand des cieux mais restait balbutiante devant l’infiniment petit des sols."

Gaspard Koenig
Gaspard Kœnig est un philosophe engagé, auteur d’une douzaine d’essais et de romans, et fondateur du mouvement SIMPLE

L'oeil de votre chroniqueur.euse

Mathieu a aimé...
Humus a été beaucoup lu par les membres de Quartier Livres et diversement apprécié, nous
avons donc choisi de lui accorder un traitement spécial.
J’ai pour ma part beaucoup apprécié ce roman. L’auteur est essayiste et philosophe, cela infuse clairement Humus, ce qui s’avère pour moi un vrai plus. Au-delà de l’histoire vous trouverez un point de vu pertinent sur la contre-culture, le capitalisme et l’agriculture.
L’auteur très érudit ne semble pas pour autant prendre le lecteur de haut, il sème des graines qui pourraient si vous le souhaitez, vous emmener dans des lectures foisonnantes sur les thèmes abordés mais ne laisse pas de côté le lecteur qui souhaitera une lecture plus légère avec ses deux sympathiques bien qu’un peu naïfs personnages principaux.
Les quelques 400 pages se lisent vite malgré la tenue du roman, ce pourrait faire un très bon
roman de vacances à lire sur la plage, le sable évitera la crise d’angoisse si vous n’êtes pas très sensible au charme discret des vers de terre.
Ne vous laissez d’ailleurs pas décourager par cette thématique qui peut laisser beaucoup d’entre nous indifférents, on peut apprécier le roman sans se passionner pour le vermicompostage cher aux personnages.
Pour être tout à fait transparent, j’ai quelques réserves sur l’humour du roman et le manque
d’épaisseur des personnages féminins (pas très 2024…), mais ça n’a pas du tout gâché mon
plaisir.
Je recommanderais ce roman, ne serait-ce que pour le plaisir de toutes les conversations qu’il fera naitre avec vos amis lecteurs!
Cécile un peu moins...
Le destin des deux amis devient alors le plaidoyer de l’auteur contre un système de production intensif destructeur de l’environnement, contre le mépris de classe, contre les grandes écoles et leur novlangue déconnectée, contre l’entre soi, contre la finance et le cynisme des investisseurs, contre des gouvernants égocentrés, bref contre tout ce qui ne va pas dans le monde. Un plaidoyer grossièrement argumenté qui m’a vite agacé tellement il est pollué par la succession de clichés sur les pauvres qui veulent devenir riches mais sans en avoir l’air, les riches qui veulent devenir pauvres et estiment qu’ils ont bien droit au RSA s’ils vont sauver la planète, les chefs d’entreprise convertis au green washing … et j’en passe.
J’ai trouvé les personnages stéréotypés – Kevin tellement détaché des biens de ce monde que même millionnaire il ne possède qu’un sac de couchage - froids, sans âmes, embarqués dans des situations caricaturales et peu crédibles – qu’il s’agisse du séjour dans la Silicon Valley ou de l’épisode final de l’insurrection simplement grotesque. Les personnages ne deviennent que des pantins influençables. On ne saura presque rien des hauts et des bas de leur amitié, sauf à la toute fin du roman.
Même si les notes d’humour et le second degré sont bienvenus - vous croiserez Thomas Pesquet qui en prend pour son grade et l’auteur lui-même dans le rôle d’un essayiste mondain - elles ne sauvent pas le roman. Le récit hésite trop souvent entre la fable utopique et le réalisme et ne parvient pas à me convaincre.
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