Chronique de Cécile M.
Marion Fayolle dessine. Marion Fayolle écrit. Un premier roman. De la même manière que ceux qui l’ont quittée font « rentrer la ferme dans des glacières, en petits morceaux », Marion Fayolle la fait rentrer dans un roman de quinze courts chapitres. La ferme, ceux qui l’ont quittée la gardent dans leurs souvenirs. Voilà que Marion Fayolle la garde dans un livre. Elle fait remonter à la surface « ceux d’avant [qui] dorment encore dans les sillons de sa peau ». Elle habille les souvenirs « pour que ça soit écrit quelque part, [leur] existence ». Il y a la mémoire du pépé qui s’efface comme un paysage sous la neige, la folie de l’un, le dévouement de l’autre, la vie des bêtes avant celle des hommes, vêlage et enfantement se superposent. C’est l’histoire d’une transmission qui ne se fera pas. Personne ne reprendra la ferme familiale. Mais l’héritage se tient ailleurs, dans un paysage ardéchois qui marque et un patrimoine génétique. La gamine que l’on suit à travers différents âges de la vie s’en empare avec la volonté de décaper les souvenirs comme la mémé, le caveau de famille. Ainsi, l’histoire continue avec les mots sensibles lucides et poétiques de la jeune autrice. On retrouve dans son texte la finesse l’humour et la poésie de ses dessins.
Vous pourrez visiter l’univers de Marion Fayolle au Centre Pompidou, dans une exposition-atelier « Tenir tête » qui se tiendra dans la Galerie des enfants, niveau 1, du 29 mai 2024 au 6 janvier 2025.
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