KADDOUR - Rachida BRAKNI
Chronique de Sandra S.
D’une fille à son père. Comme Colette quand elle écrit « Sido ».
Qui peut lire Sido sans être à jamais imprégné de l’amour de Colette pour sa mère adorée ?Ici, donc, c’est pour un père.
Ce n’est pas pour qu’il le sache, d’abord parce que maintenant qu’il dort sous la terre de Tipaza, un figuier à ses pieds, que pourrait-il y lire qu’il ne savait déjà, lui qui ne savait pas lire en plus. C’est aux yeux du monde, raconter cet homme, cet époux et ce père, toute la grandeur et les misères et la richesse et la magnificence de la vie de cet homme, travailleur immigré en France, de ce genre de travail qui vous arrache des doigts et vous brise les os et sans doute bien plus que ça.
Aux yeux du monde, aux yeux de ce pays qui s’apprête à élire bientôt l’extrême droite, ce pays qui accepte, voire encourage le mépris envers les gens comme Kaddour Brakni. Dont une des filles a appartenu à la comédie française, jouait Victor Hugo, et est une des plus grandes actrices françaises.
Un homme tranquille, tourmenté, secret, aimant qui à la naissance d’un de ses petits-fils pleure de joie et dit à sa fille pour l’arrivée de la petite sœur quelques années plus tard : « une fille, c’est toujours bien une fille, j’espère qu’elle sera comme toi ».
Ce père, Rachida Brakni lui a écrit le plus beau des linceuls, le plus solide et le plus doux des linceuls, pour que la terre lui soit légère et pour que les mots d’une fille française qui a tant servi la langue de ce pays, rendent justice et célèbrent ses parents algériens.
Comments