La tragédie de l'orque - Pierre Raufast
Chronique de Vincent :
Il y a des auteurs que vous êtes prêt à suivre presque les yeux fermés, même lorsqu’ils font un pas de côté pour changer radicalement de genre littéraire. Pierre Raufast fait partie de ces écrivains-là.
Habitué à ses fantaisies dans des romans gigognes jubilatoires ayant souvent pour cadre la campagnarde vallée de Chantebrie, j’ai été surpris d’être transporté d’un coup à des millions d’années-lumière de la Terre à bord de vaisseaux spatiaux appelés les ORCA dans un roman dit « Hard-SF », terme que je connaissais d’autant moins que la Science-Fiction n’est franchement pas ma tasse de thé.
Mais après tout la définition de la gravitation est l’attraction de 2 corps opposés, alors banco, je me suis pris au jeu faisant confiance à mon admiration pour Pierre Raufast.
D’abord dérouté par des termes et des explications scientifiques, j’ai essayé de trouver dans ce 1er tome d’une trilogie nommée Baryonique, du second degré, peut-être même une satire des développements technologiques illimités et de l’exploration de nouvelles formes de vie.
Certains passages comme l’évènement déclencheur de la tragédie éponyme, le foisonnement de néologismes inhérents au changement de siècle ou encore les allusions de l’auteur à ses romans précédents, m’invitaient à croire à des péripéties fantaisistes et drôles.
En réalité, et selon les dires mêmes de l’auteur, il s’agit là d’un roman tout à fait sérieux dans lequel je suis rentré petit à petit en saisissant l’ensemble des enjeux écologiques, technologiques, politiques liés à la conquête spatiale ; et en m’attachant aux personnages bien campés et qui représentent, souvent sous forme de binômes, chacun de ces enjeux.
La force de ce roman est de se situer à la juste limite du pur SF et de ne pas nous laisser errer dans des méandres scientifiques imbuvables. La construction du roman qui alterne les chapitres entre la Terre, les ORCAs, et un autre potentiel espace-temps qu’il convient de ne pas divulguer pour l’instant, titille l’intérêt du lecteur. Le déroulement d’une intrigue sur la Terre permet d’ailleurs de se raccrocher au réel.
L’introduction de différents points de vue donne aussi de la profondeur à ce roman, à l’image des Bernanos, groupe qui dénonce les dérives des progrès de la robotique, opposés à ceux qui voient dans la recherche scientifique et le minage de l’espace le moyen de résoudre les problèmes écologiques et de survie de notre espèce.
Enfin, la qualité du roman est de rendre cet univers de 2170 non seulement plausible mais surtout optimiste. Au point de me donner finalement l’envie de lire d’autres romans du genre, chose qui n’était pas gagnée, et l’envie de poursuivre cette trilogie.
Retrouvez nos chroniques ci-dessous
Comments