
Jeu de société - David Lodge
Chronique de Delphine :
Actualité oblige, je n’ai eu qu’à tendre la main vers ma pile de livres pour attraper « Jeu de société », de David Lodge.
J’avais déjà lu « Changement de décor » et « La vie en sourdine », deux romans qui m’ont laissé un souvenir de plaisir de lecture intense et d’amusement.
Je n’ai pas été déçue par « Jeu de société » paru en 1988. David Lodge raconte la rencontre, presque contre nature, d’un directeur d’une entreprise industrielle et d’une universitaire, spécialiste de littérature anglaise. Tout les oppose mais ils sont contraints de passer ensemble une journée par semaine. Victor Wilcox est marié et père de famille, dépité par le parcours de ses enfants, qui ne pensent qu’à s’amuser et à consommer. Son mariage ressemble davantage à une cohabitation qu’à une réelle vie de couple. Robyl Penrose, quant à elle, passe la plupart de son temps dans ses livres, à préparer ses cours et à enrichir sa réflexion. Elle entretient une relation quasi platonique avec son homologue universitaire masculin.
Des clichés, pensez-vous ! Mais c’est justement ce qui fait la réussite de Lodge. Il déconstruit des deux côtés les représentations qu’ils ont l’un de l’autre. En effet, chacun des deux personnages va faire connaissance avec un monde qui lui est totalement étranger et qu’il méprise au fur et à mesure qu’il le découvre, tout en prenant conscience des travers de sa propre pensée... Tout cela pour mieux faire évoluer le point de vue de chacun. Cela donne lieu à des situations et des dialogues franchement drôles.
Lodge nous livre une double critique, celle d’un monde universitaire, très condescendant vis-à-vis de ce qui n’est pas « intellectualisé » et celle du monde de l’entreprise qui fait peu de cas des conditions de travail des ouvriers, le profit étant le seul objectif. Il aborde également des questions sociétales : le féminisme, l’évolution du couple et du modèle familial, tout cela dans un contexte de crise au Royaume Uni encore dirigé par la dame de Fer.
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