Birnam Wood - Eleanor Catton
Chronique de Pierre
Des drones au pays des kiwis
Ce qui m'intéresse peut-être le plus dans la critique littéraire, c'est l'auteur de la critique lui-même. « Donne-moi à lire ta chronique et je te dirai qui tu es ». Si tel est votre cas les amis, sachez pour commencer qu’en ce deuxième jour de (grandes) vacances scolaires et de second tour d’élections législatives, je suis assez impressionné à l’idée de devoir me frotter à l’exercice.
Birnam Wood est le 3ème roman de l’autrice canadienne Eleanor Catton. Les luminaires, son deuxième, lui valut le Booker Price en 2013. J'ai consulté la liste des lauréats de ce prix récompensant les romans rédigés en anglais depuis 1969 et découvert qu'un auteur avait été primé deux fois : John Maxwell Coetzee avec Michael K, sa vie, son temps (1983) et, l'un de mes romans préférés, Disgrâce (1999). Je proclamai alors sur le champ ce prix "Référence interplanétaire quoiqu'un peu en-dessous du Prix du Livre inter" et décidai hic et nunc que Birnam Wood, conseillé par ma libraire de coeur, ferait l'objet de ma première chronique. Une petite alerte s’est pourtant déclenchée lorsque j’ai saisi pour la première fois le livre et découvert sa couverture au goût douteux, mais je décidai de n’y accorder aucune importance. L’intrigue se passe en Nouvelle-Zélande à Thorndike dans le Parc National de Koroway où l’on suit trois jeunes protagonistes d’une petite association écologiste « Birnam wood » qui implante des jardins bio dans des lieux en friche pour en distribuer la production. Notre bande de joyeux idéalistes va croiser le chemin du jeune et inquiétant milliardaire Robert Lemoine, co-fondateur d’un géant américain de la tech, fabricant de drones. Il s’ensuivra une affaire de gros sous et de dissimulation dont tout le monde ne sortira pas indemne… Un thriller psychologique donc.
Arrêtons là le faux suspense, si vous cherchez un livre qui alimentera votre carnet de notes, passez votre chemin ; un livre au style flamboyant, allez voir ailleurs. Si Eleanor Catton peine à trouver son style et à planter le décor, elle est plus à l’aise pour dresser le portrait psy de ses deux personnages féminins, Mira Bunting et Shelley Noakes. On peut toutefois regretter que tout soit dit plutôt que suggéré, et qu’au bout du compte, on n’en sache pas beaucoup plus sur ces jeunes appartenant à la « Gen Z ». Pire, volontairement ou pas, l’autrice décrédibilise une génération qui serait prête à s’asseoir sur ses idéaux pour un pad thaï et un zeste de LSD !
Pour finir et n’oublier personne, je pense aux honorables lecteurs de transat, amateurs de romans-détente, qui trouveront avec Birnam Wood un thriller agréable et académique dont la fin risque malheureusement de les laisser sur leur faim.
J’espère qu’à l’occasion de sa deuxième chronique, votre serviteur vous apparaîtra sous un jour beaucoup plus enthousiaste. En attendant je vous souhaite, amis lecteurs, des vacances riches de merveilleuses découvertes littéraires !
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